Entrée libre ! (sans billet)

Placement libre

C’est au Vleeshuis Museum d’Anvers que l’on peut voir l’original du clavecin fabriqué par Andreas Rückers en 1644 et qui fut choisi par Guillaume Zellner comme modèle pour construire son premier clavecin. Un choix qui s’imposa à ses yeux comme une évidence, lui permettant d’étudier la facture flamande du XVIIè siècle, école « régionale » mais qui devait considérablement influencer toute l’Europe du Nord aussi bien en France qu’en Angleterre voire en Allemagne. Et l’instrument conservé à Anvers réunit encore suffisamment d’éléments pour reconstituer son état d’origine. Mais, nous dit Guillaume Zellner, ce qui le motiva également, ce fut sa fascination pour l’écriture polyphonique, depuis les motets de Johannes Ockeghem et de Josquin jusqu’aux variations sur les Psaumes de Jan Pieterszoon Sweelinck: " l’éblouissement qu’avaient provoqué les décors des clavecins anversois, d’une grande simplicité de lecture et néanmoins d’une somptuosité à la limite de l’ostentatoire, toute l’imagerie associée à l’univers culturel dans lequel s’est déployée cette école de facture, comme les intérieurs des demeures patriciennes tendues de cuir repoussé, dallées de marbre noir et blanc et meublées de chêne massif que l’on retrouve aussi bien dans les musées d’Anvers que dans la production picturale flamande et hollandaise, ne pouvaient que m’inciter à construire un instrument qui puisse traduire et mettre en valeur le mieux possible la production artistique, artisanale et intellectuelle de cette époque ».

Anvers au XVIè siècle !  Les dithyrambes  sur cette cité brabançonne qui compte déjà environ 100.000 habitants, se multiplient dans toute la création littéraire européenne de l’époque. Et il est significatif que Thomas More y fasse naître son Utopie en narrant sa rencontre dans cette ville cosmopolite par excellence avec cet Hythlodée qui allait lui servir d’informateur sur l’île de ses rêves.

C’est là que naquit Andreas Ruckers en 1579, au sein de la plus célèbre famille de facteurs de clavecins dont l’activité se poursuivrait jusqu’à la fin du siècle suivant, souvent avec cette « signature » Sic transit gloria mundi (ainsi passe la gloire du monde) héritage depuis 1404 d’une papauté dont le chien de berger qu’était Philippe II n’était certes pas enclin à voir entretenir des relations, fussent-elles musicales, avec Amsterdam, pourtant distantes de seulement quelques 67 kilomètres, mais était sur le point de déclencher en 1578 sous la direction de Guillaume d’Orange, ce qu’on a appelé « La guerre de Quatre-Vingts ans ».

Or c’est précisément cette année-là  que la plus ancienne église de la ville, la Oude Kerk fut consacrée au culte réformé, avec pour organiste le jeune Jan Pieterszoon Sweelinck qui n’avait alors que 16 ans. Ce que fut sa formation musicale comme sa vie, est une longue suite de points d’interrogation, mais cet improvisateur de génie, surnommé de son vivant « l’Orphée d’Amserdam » fut indéniablement le plus prestigieux représentant à l’orgue comme au clavecin de l’école hollandaise. Le programme choisi par Sébastien Wonner accorde une large place à ce qui fait la popularité de Sweelinck parmi les musiciens actuels, avec ses arrangements de chansons populaires (« Est-ce Mars » ) ou de danses (« Ballo del granduca »), tout en se privant à aucun moment de savoir développer à l’extrême le matériel contrapuntique.

Faits l’un pour l’autre, Sweelinck et Rückers se rencontrèrent-ils ? On va faire tourner les tables…

Sébastien Wonner :

Sébastien Wonner a étudié le clavecin et la basse continue avec Aline Zylberajch et Martin Gester au Conservatoire de Strasbourg. Organiste, il a travaillé cet instrument avec André Stricker et Christophe Mantoux. Son intérêt pour l’improvisation l’amène à recevoir les conseils et à travailler avec Freddy Eichelberger. Il bénéficiera des leçons de Pierre Hantaï également.

Son goût l’amène à fréquenter souvent la musique du XVIIè siècle et la musique vocale avec des ensembles tels la Chapelle Rhénane, Doulce Mémoire, La Rêveuse, l’ensemble Clément Janequin, Consonance, les Witches, les Sacqueboutiers ou Akâdemia avec qui il a enregistré plusieurs disques (Symphoniae sacrae, Magnificat d’Uppsala, Musikalische Exequien, Weihnachtshistorie de H. Schütz, Motets de Samuel Capricornus, Membra Jesu Nostri , Sonates et Cantates de Dietrich Buxtehude, Dolci Affetti, Madrigaux de P. Verdelot, la Passion selon Saint Jean de J.S. Bach, Le Messie de G.F. Händel, le Manuscritde Suzanne van Soldt, La Morte d’Orfeode Stefano Landi chez les labels K617, Alpha, Zig-Zag Territoire (Outhere), Mirare, Ricercar). Un album consacré à la musique de clavecin solo de J.P. Sweelinck a été salué par la critique. Soliste ou chambriste, il recherche surtout la diversité des expériences sur toutes sortes d’instruments (orgues historiques, clavicordes,…) y compris dans des répertoires peu fréquentés ou en improvisation.

Ses voyages l’ont amené à jouer en Amérique du Sud, au Japon et dans beaucoup de pays d’Europe mais c’est à Tours qu’il enseigne avec passion le clavecin au sein du Département de Musique Ancienne du Conservatoire à Rayonnement Régional qu’il dirige aujourd’hui.

Programme : 

Psalm 23 Mein Hüter und mein Hirt (Mon Dieu me paist sous sa puissance haute) 

Balleth del granduca (Samuel Scheidt) 

Fantasia [contraria à 4] (g1) 

Malle Sijmen 

Von der Fortuna werd ich getrieben [Engelse Fortuijn] 

Unter der Linden grune 

Paduana Lachrymae (John Dowland) 

Die flichtig Nimphae Fantasia Crommatica à 4 (d1) 

Fantazia op de Fuga van M : Jan Pieters. (fecit Dr. Bull 1621  15. Decemb.)