« TORNIAMO ALL’ ANTICO E SARA UN PROGRESSO »
« Retournons au passé et ce sera un progrès » aimait à affirmer Giuseppe Verdi. En parcourant le programme de ce vingt-cinquième festival de musique de Sarrebourg, on se prend à se remémorer cette phrase et à se dire que ce génial compositeur avait bigrement raison. Voilà ce qu’était notre festival avant que ne s’en empare toute la frénésie des « Chemins du Baroque dans le Nouveau Monde » ; trois à quatre journées consécutives, un rythme général plutôt tranquille et permettant de goûter chaque événement musical proposé sans devoir courir sans attendre vers le suivant ; bref, ce que les musiciens appellent fort justement une pause ou un point d’orgue.
Il fallait cette respiration, pour permettre aux animateurs du « Couvent » de penser à l’avenir tant du festival que de l’ensemble des activités appelées à rayonner à partir de Saint Ulrich et dont le grand concert programmé le dimanche 2 septembre prochain à l’Arsenal de Metz donnera déjà un spectaculaire aperçu*. On s’apercevra alors qu’après tant d’années passées à aller à la rencontre du monde, c’est désormais le monde qui viendra à nous afin de nous inciter à mieux comprendre comment la culture, la musique, peuvent nous aider à affronter des problèmes sociaux plus cruciaux que jamais.
Comme par un saisissant effet de miroir, les trois projections de films qui seront proposées au Couvent au cours de ce festival mettront en perspective ces « utopies » avec la réalité vécue quotidiennement par des dizaines, des centaines voire des milliers d’enfants du Pérou, du Paraguay ou encore du Venezuela. Que « Le Couvent » et la Ville de Sarrebourg aient été si souvent mêlés à de telles vagues de fond restera longtemps pour nous source d’émotion et de fierté. Et si, en ce vingt-cinquième anniversaire de sa création le festival de Sarrebourg est devenu « vieux », c’est au nom de tout cela qu’il envisage son avenir, sans craindre de céder parfois aux illusions du passé, gardant à l’esprit ce mémorable conseil de Schiller : « Dites-lui de respecter les rêves de sa jeunesse quand il sera devenu un homme. »